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La mosquée Baland

Le XVI siècle est considéré dans l’histoire de Boukhara comme une période significative. C’était le temps quant la dynastie des Sheybanides arriva sur le trône et Boukhara fut la capitale du pays.

Au XVI siècle la commerce s’activa avec la Russie, l'Inde et autres pays. Des produits métalliques, des fourrures, du cuir traité, de la cire, du miel, des ustensiles en bois, des miroirs et des tissus étaient expédiés de Russie. Tandis que Boukhara exportait des peaux de karakul, des articles en soie, de la laine, de la soie brute et des fruits secs. Parallèlement, des réformes économiques et sociales étaient en cours. Mais c’était surtout sous le règne d’Abdullakhan que Boukhara devint un lieu où se développe l’art de construction, en formant sa propre école architecturale. La médersa Miri Arab ainsi que la mosquée Kalon virent le jour en terminant la formation de l’ensemble centrale Poi Kalon. Le même temps, les mosquées du quartier Khodja Zayniddin et Baland furent construites et commença la formation de l’ensemble emplématique Bakhauddin Naqshbandi.

La mosquée Baland (haute) se trouve au sud de l’ensemble Qosh-médersa, parmi les quartiers résidentiels actuels. Elle doit son nom à son socle surélevé, derrière lequel se trouve la salle d'hiver doté d’un îwan aux colonnes en bois. Les colonnes sont relativement tardives et datent du XIX siècle. Ils remplacèrent probablement les colonnes plus anciennes. Le bâtiment qui représente un magnifique exemple de l’architecture de mosquée de quartier, fut construit au début du XVI siècle et vraisemblablement sur les frais d’une riche communauté de quartier. Par son aspect extérieur, le monument ne se distingue pas d’autres mosquées de quartier, mais son intérieur cache un décor d’une beauté architecturale extraordinaire.

Contrairement à des formes extérieures laconiques, l'intérieur est orné d’une manière exquise. De hauts panneaux verts en carreaux glaçurés portant la peinture en or recouvrent la partie basse des murs. Les murs sont divisés en réctangles avec des pourtours dans lesquels sont installées des arches murales décoratives. Ces arches sont recouvertes entièrement de motifs réalisés en technique « kundal », et qui abondent d’or et de différentes combinaisons de couleurs. Ces somptueux motifs floraux rappellent les parterres de fleurs. Comme dans n'importe quelle mosquée, il y en a aussi des inscriptions de contenu religieux, écrites dans le style thuluth. La niche du mihrab, c'est un exemple parfait de la mosaïque à des couleurs claires, des tons vifs et des motifs sophistiqués.

Dans cette mosquée, tout rappelle les techniques architecturales du XVe siècle. Elle fut reconstruite au début du XVIe siècle, quand les méthodes décoratives de l'architecture des Timurides étaient encore pratiquées, la maîtrise ne fut pas perdue, et le bon marché des matériaux de construction et de la technologie ne réduisit pas la noblesse des procédés décoratifs.

Le bâtiment conserva une forme architecturale étonnante : le magnifique plafond à caisson est doté d’un miroir à son centre. La splendeur pittoresque de la mosquée est concentrée dans son intérieur, dans la décoration des murs et du plafond. Le plafond est entièrement recouvert d'un ornement géométrique qui forme au centre une étoile avec 12 rayons. Suspendu, il cache la conception réelle des limites supérieures de la salle : la transition du carré de la salle vers la demi-sphère de la coupole se fait par la coupe des angles, ce qui crée un octogone permettant le passage progressif de la forme carré à la forme ronde. Les dessins architecturaux et décoratifs des intérieurs furent réalisés uniquement avec des peintures minérales, fabriquées spécialement à la base de la colle et des œufs. Les colorants utilisés furent : l’ultramarine naturelle, donnant une couleur bleue ; la malachite ou la chrysocolle pour le vert, l’ocre rouge avec un mélange de cinabre offrait le rouge ; l’ocre - le jaune ; l’os brûlé se transformait en noire. Les peintures étaient diluées dans la solution de la colle d’abricot ou de cerise avec l'ajout de jaune d'œuf. La peinture avait une texture veloutée. Les branches des plantes étaient représentées par des bandes fermes, relativement minces, les feuilles étaient généralement déployées. La stylisation et la représentation conditionnelle des fleurs, des bourgeons, étaient largement permises dans la peinture murale. L'ornement sur le mur était habituellement effectué sans peindre le fond (s'il ne s'agissait pas de kundal). Les couleurs froides dominaient dans la gamme des peintures murales. On attribuait une attention particulière au plafond et aux corniches. La peinture de ces éléments était souvent plus riche. La couleur du fond jouait le rôle important puisque le choix des couleurs utilisées ensuite en dépendait. Les peintures sont d'intensité modérée, les couleurs vives sont absentes.

Les mosquées de quartier étaient étroitement liées à la vie quotidienne locale. La mosquée Baland avec son décor raffiné fait naître un sentiment de paix, l’envie de s’arrêter et de contempler, permet de s'échapper pour un moment de l'agitation et du bruit du monde environnant.

Le problème de la conception harmonieuse des grands plans des murs fut résolu grâce au fractionnement classique de l'espace au lambris inférieur, puis à l'alternance des grands et des petits panneaux se déplaçant en douceur dans la frise. Dans la mosquée Baland, les techniques de décoration pittoresque des murs sont réalisées avec une maîtrise exceptionnelle. Et il n'est donc pas surprenant que, dans l'architecture postérieure, les architectes se soient tournés à plusieurs reprises vers l'intérieur de la mosquée comme un modèle digne d'imitation.

Actuellement, la mosquée compte plus de 500 ans, et fait partie du patrimoine mondiale de l’UNESCO.

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