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Sur les pas de Ruy González de Clavijo : le mystère espagnol de l'empire de d’Amir Timur

Un grand homme aux cheveux noirs s'est agenouillé devant le saigneur, montrant son respect et gardant sa dignité. Il suscita l'intérêt d'Amir Timur, tant par son comportement que par son apparence peu familière. L'invité espagnol extrêmement poli et ne montrait aucune surprise, bien que ce nouveau monde choqua la grandesse d'Espagne.

Le voyage du diplomate espagnol Rui González de Clavijo commença en 1403 en partance de la ville portuaire de Santa María. Lui et certains de ses assistants furent envoyés en mission diplomatique dans la lointaine Transoxiane, où régnait le grand et puissant Amir Timur. Les Espagnols étaient désireux d'établir des relations diplomatiques avec Tamerlan, car au tournant des XIV-XV siècles, la menace de la conquête ottomane planait sur l'Europe. Alors que le pouvoir de Tamerlan s'étendait des rives de la mer Noire à la rivière Indus. Une longue route pleine d'aventures et de dangers attendait les missionnaires.

Le chemin de De Clavijo passait à travers de la Méditerranée, à l'Italie, la Grèce, les côtes de l'Asie Mineure, Constantinople et jusqu'à Trébizonde. À cette dernière destination, de Clavijo fut contraint de rester pour l'hiver. Il poursuivit ensuite son voyage vers la Sultanía pour atteindre la route orientale des caravanes. Sur cet itinéraire, la délégation espagnole passa par Téhéran, Nishapur et Balkh avant de rejoindre Samarcande. On sait que la branche orientale de la route des caravanes était contrôlée par Amir Timur.

Tout au long de son voyage, Rui González tenait un journal de bord détaillant son périple. Son ouvrage, « Vie et actes du Grand Tamerlan, avec la description des terres de son empire », est une excellente source d'information historique et une démonstration vivante du mode de vie de l'époque. Le journal permet d'apprendre en détail comment se déroula la rencontre entre les diplomates et les impressions personnelles de l'Espagnol.

Les missionnaires entrèrent sur le territoire de l'actuel Ouzbékistan par la Porte de Fer « Sogdiane », dans la région de Surkhandarya. Ils y furent accueillis par des émissaires qui, sous l'ordre de Timur, leur procuraient chaque jour de nouveaux chevaux.

Le 28 août 1404, les diplomates s'approchèrent de la grande ville de Kesh (actuel Shahrisabz). Dans son journal, l'auteur décrit la ville comme une plaine entourée de ruisseaux et de jardins verts. La ville elle-même était protégée par une enceinte fortifiée. De Clavijo donne une description détaillée de la ville natale de Timur. La splendeur du palais et des mausolées émerveilla les Espagnols. Voici comment il décrivit l'ensemble de Dorus Saodat à Shakhrisabz : « cette mosquée et ce mausolée sont très riches et très couverts de l'or, de lapis-lazuli et de carreaux glaçures ; ils possèdent un grand terrain avec des arbres et des étangs. Chaque jour, sur ordre du seigneur, vingt béliers cuits sont envoyés à cette mosquée en mémoire du père et du fils d'Amir Timur qui y sont enterrés ».

Les Espagnols purent visiter le palais Oq-Saroy : « Il y avait tellement de pièces qu'on ne peut pas parler de toutes en seule fois, leur décoration en or, en lapis-lazuli et en différentes couleurs, est digne de surprendre même les meilleurs architectes de Paris ».


Après quelques jours à Kesh « verdoyant », la mission se rendit à Samarcande. Après avoir franchi Takhtakaracha (le col de Kitab), Rui Gonzalez ne cachait pas son admiration pour Samarcande : « tant de jardins et de vignobles sont disposés autour de la ville que lorsqu'on arrive, on a l'impression de s'approcher de toute une forêt de grands arbres au milieu desquels se trouve la ville elle-même. De nombreux canaux d'irrigation traversent la ville jusqu'à ces jardins, où l'on cultive des melons et du coton. Les melons de ce pays sont particulièrement sucrés... Ces terres sont abondantes en tout, tant en pain et en vin qu'en viande, en fruits et en volailles... »


Le même jour, Amir Timur reçut ses invités. Comme toujours, M. De Clavijo décrivit en détail la réception et la cérémonie d'échange de cadeaux et de lettres d'éloge : « le seigneur était assis sur un tapis brodé de soie et son coude reposait sur un petit coussin rond. Il était vêtu d'une robe de soie lisse sans aucun motif, et portait sur la tête un grand chapeau blanc surmonté d'un rubis et de pierres précieuses. » Amir Timur bienveillant et généreux envers la délégation. Il donna un grand repas festin et invita des animateurs.

Le diplomate espagnol continuait à mener soigneusement son journal en décrivant son séjour à la cour de Tamerlan et s'admirant les palais de Samarcande, les camps de campagnes et les sites locaux. Amir Timur présenta aux envoyés du roi d'Espagne des lettres de protection et, le 21 novembre 1404, la délégation partit pour Boukhara. Au cours de leur séjour d'une semaine à Boukhara, Amir Timur mourut inopinément sur le chemin de la Chine et les Espagnols furent contraints de rentrer chez eux. Les voyageurs réalisèrent le retour à l'Espagne via les steppes kazakhes, mais pour des raisons mystérieuses, cette fois, l'envoyé espagnol ne donna pas un compte rendu précis de leur retour. Ils retournèrent en Castille en mars 1406.

Aujourd'hui, vous pouvez visiter des plus beaux endroits parcourus par Rui González de Clavijo en Ouzbékistan : Surkhandarya ➡️ Shakhrisabz ➡️ Le col Takhtakaracha ➡️ Samarcande ➡️ Boukhara. Les Européens imaginaient autrefois ces lieux comme des steppes sauvages, mais après la visite de Rui Gonzalez, cette image changea. Les progrès de grandes civilisations inconnues et de pays auparavant lointains furent présentés aux Européens.

Nous vous invitons à faire un voyage inoubliable sur les pas de Rui González de Clavijo, où, littéralement dit, les mondes et les époques se touchent .

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